Baye Modou Fall alias Boy Djinné : C’est un détenu condamné à perpétuité qui m’a aidé à m’évader

Baye Modou Fall alias Boy Djinné : C’est un détenu condamné à perpétuité qui m’a aidé à m’évader
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Baye Modou Fall alias Boy Djinné, et ses acolytes Cheikh Ndiaye, commerçant à Guédiawaye et Dame Sy, commerçant à Touba, ont comparu devant la chambre correctionnelle de Dakar ce mercredi 09 février 2022. Ils sont tous poursuivis pour association de malfaiteurs, évasion contre Baye Modou, recel de malfaiteurs contre Dame, entrave à l’exercice de la justice. Les gardes pénitentiaires dont Idrissa Diop, Amath Ngom, Djibril Ciss sont également poursuivis dans cette affaire pour association de malfaiteurs. Le jugement sera rendu le 23 février prochain.

À la barre, Boy Djinné et ses acolytes ont nié les délits d’association de malfaiteurs.  Interrogé sur son évasion, Baye Modou Fall a fait savoir qu’il s’est simplement évadé, mais il n’a rien brisé. À ce sujet, les gardes contestent avoir aidé Boy Djinné à s’évader. Il explique : « je n’ai discuté avec personne lorsque je planifiais mon évasion. Je ne l’avais pas préparé, cela m’a juste traversé l’esprit. Ce qui m’a poussé à m’échapper c’est parce que j’étais en détention illégale. Ce qui est à l’origine de ma grève de la faim. J’étais avec un autre détenu, Demba Sow, qui lorsque je m’évadais, était en train de dormir, raison pour laquelle il ne m’a pas suivi », narre-t-il.

Il poursuit : « Je suis passé par la fenêtre aidé par un autre détenu qu’on avait condamné à perpétuité. C’est lui qui avait scié les grilles en fer de la fenêtre. Il avait décidé de s’évader avec moi. Je me suis évadé aux environs de 1h du matin. Je suis passé par la porte parce que les gardes étaient en train de dormir. La porte du couloir n’était pas fermée puisque la sonnerie qui permettait de l’ouvrir était défectueuse ».

Des allégations balayées d’un revers de main par un nommé Ciss, chef de poste. Il déclare qu’il n’a jamais eu un détenu qui était en dépression et qui voulait s’évader. Par contre, l’un des barreaux scellés par derrière a été coupé. Il a ainsi avoué qu’il a entendu des bruits mais il croyait que c’était la ventilation.

À son tour, l’autre garde pénitentiaire Amath Ngom dira que les chambres sont mitoyennes. Il précise certes qu’on ne peut pas entendre les bruits de la scie. « Nous avons constaté l’évasion de Boy Djinné vers les coups de 5 heures du matin alors que j’étais en train de faire la ronde. La veille, on l’avait surpris dans sa cellule en train de téléphoner. Il a jeté le téléphone dans les toilettes et il a versé de l’eau »,  explique t-il.

Reprenant la parole, Boy Djinné déclare qu’il n’a jamais été aidé par les gardes pénitentiaires et que c’est parce qu’ils étaient en train de dormir qu’ils ne l’ont pas vu. Il souligne qu’il a eu le temps d’appeler quelqu’un qui lui a jeté une corde de l’extérieur. Le téléphone avec lequel il a passé l’appel a été saisi par les gardes pénitentiaires dans une autre chambre et ils l’ont oublié dans sa cellule.

De son côté, Cheikh Ndiaye, ami de Boy Djinné avoue qu’il ignorait que Boy Djinné s’était évadé. « Il m’a appelé pour me demander d’acheter deux téléphones pour lui. Finalement, j’en ai acheté un. Je ne l’ai pas dénoncé parce que je me suis dit qu’une personne évadée ne peut pas se permettre de faire une interview ».

Selon l’autre coprévenu de Boy Djiné, Dame Sy, il déclare qu’il a quitté la Côte d’Ivoire pour venir au Sénégal. Ce jour là, Baye Modou Fall m’a appelé en appel vidéo alors que j’étais dans une boîte de nuit. Sur ces entrefaites, il m’a demandé de le rejoindre au Radisson Blu. « Cette nuit, je lui ai remis la somme de 250 000 francs Cfa et il m’a confié qu’il allait passer la nuit à l’hôtel. C’est mon ami, je ne pouvais pas l’abandonner dans cette situation. J’ai acheté un véhicule et un moto Tmax. Je devais rentrer en Côte d’Ivoire. Il m’a demandé de lui donner la voiture et la moto pour qu’il se rende au Mali. Je ne voulais pas le laisser avec ma voiture. Puisque je devais me rendre en Côte d’Ivoire, j’ai décidé de me rendre avec eux au Mali. Boy Djiné conduisait la moto », dit-t-il.

Prenant la parole pour faire son réquisitoire, le ministère public a fait savoir qu’en 2021, Boy Djinné avait scié les grilles. Cheikh qui est décédé avait expliqué aux enquêteurs que Boy Djinné l’avait appelé au téléphone pour lui parler de son projet d’évasion. Il lui avait demandé d’acheter une corde pour lui avant de lui fixer une heure. Baye Modou Fall lui avait fait savoir qu’il mettrait les gardes hors de cause. Il n’était pas en nombre suffisant pour sillonner les couloirs. Ainsi, le parquet demande qu’il soit relaxé pour association de malfaiteurs.

Selon le procureur, Boy Djinné est un détenu très intelligent, très dangereux. Il est très difficile à gérer dans une prison. C’est pourquoi les autorités ont décidé de le placer dans une prison de haute sécurité.  Suffisant pour le maitre des poursuites, de requérir deux ans d’emprisonnement contre Boy Djiné, 6 mois assortis de sursis pour les gardes qui ont fait preuve de négligence et 6 mois avec sursis pour les coprévenus de Boy Djinné : Cheikh Ndiaye et Dame Sy.

Pour la défense, Boy Djinné est en détention arbitraire. Il est poursuivi pour un vol commis dans une boutique à Mbour alors la chambre criminelle avait annulé la procédure. Après la plaidoirie des avocats de la défense, le procureur a voulu apporter des précisions sur celle de Me Doudou Ndoye en lui demandant d’apporter la preuve que la procédure a été annulée. Finalement, l’affaire a été mise en délibéré jusqu’au 23 février prochain.