Comment cultiver la curiosité de mon enfant ?

Comment cultiver la curiosité de mon enfant ?
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« Le succès vient de la curiosité, de la concentration, de la persévérance et de l’autocritique », disait Albert Einstein. Alors, comment éveiller la curiosité de vos enfants ? Il n’existe en réalité pas de réponse toute faite, mais entre la juste stimulation et la surstimulation, il n’y a qu’un petit pas dangereux à franchir comme l’explique Catherine L’Ecuyer. Cette docteure en sciences de l’éducation et psychologie est l’auteure du best-seller « Cultiver l’émerveillement et la curiosité naturelle de nos enfants ». Un ouvrage à mettre entre les mains de tous les parents pour leur rappeler combien il est crucial de protéger l’enfance qui n’est pas une simple étape de vie, mais bien une autre forme de vie.

Retour à l’émerveillement

Comment susciter l’intérêt de nos enfants ? Comment éviter que leur attention ne se disperse ? Comment en faire des adolescents motivés et avides d’apprendre ? Voilà bien des défis auxquels les parents d’aujourd’hui tentent de répondre, souvent en quête de la bonne méthode. Pourtant, d’après Catherine L’Ecuyer, « a priori, les jeunes enfants n’ont besoin de personne pour se motiver ». En tant qu’adultes, « nous devons simplement leur aménager un environnement favorable à la découverte ». 
Pourquoi ? Car l’enfant est naturellement doté d’une capacité d’émerveillement. Celle-ci est inscrite dans sa nature profonde : l’enfant voit l’extraordinaire dans l’ordinaire, comme lorsqu’il s’immobilise dans la cour de la crèche pour regarder une feuille d’arbre tomber, prémisse de son intérêt pour la loi de la gravité. Comme le disait Saint Thomas d’Aquin, « l’étonnement est un certain désir de savoir ». Ainsi, l’émerveillement est ce qui suscite l’intérêt chez une personne, il est une forme de transcendance par rapport à quelque chose qui nous dépasse : « Pourquoi la pluie descend et ne remonte pas ? », s’interroge un petit garçon. Une question qui n’appelle en réalité pas de réponse, et qui est simplement une manière d’admirer. « Les enfants abordent le mystère avec humilité car ils se disent qu’ils ne peuvent pas tout comprendre. En tant que parent, notre rôle n’est pas de tout rationnaliser, car cela aurait pour conséquence de réduire leur vision du monde », estime Catherine L’Ecuyer.

La surstimulation, inutile voire inefficace

Pour aiguiser la curiosité des enfants, il existe certains programmes se voulant « éducatifs » à l’image de la série de dessins animés « Baby Einstein » qui pourrait être visionnée par les petits dès l’âge de 2 ans. Pour l’auteure, ce type de support, tout comme les DVD éducatifs ou jeux sur le smartphone, contribuent à noyer les tout-petits dans un flot de stimuli externes. Le risque ? « Etouffer la capacité de l’enfant à se motiver par lui-même et le pousser à partir en quête de sensations toujours plus fortes ». Elle ajoute : « l’absence totale de stimulation nuit à l’apprentissage, mais aucune étude n’a prouvé l’intérêt d’une stimulation précoce (…) Une surstimulation peut même entraîner de l’inattention, de l’impulsivité et une perte d’intérêt à apprendre ». D’autant que le ministère de la Santé préconise d’éviter tout exposition aux écrans aux enfants de moins de 3 ans en raison d’un risque pour leur développement et leur santé physique et cognitive.

Alors quel est le juste milieu ? En réalité, un environnement ordinaire apporte amplement tout ce dont l’enfant a besoin : un bébé de 6 mois n’est-il pas plus intéressé par l’observation de ses mains que par les hochets qui pendent au-dessus de lui ? « Il ne faut pas confondre l’émerveillement et la fascination passive (…) le goût pour l’apprentissage vient de la soif de savoir et non pas de motivations extérieures aux enfants », ajoute-t-elle. La spécialiste différencie ainsi le verbe inculquer du verbe éduquer, afin d’amener chaque enfant vers la meilleure version de lui-même, mais dans le respect de ce dont sa nature est capable. 

Les écrans, l’ennemi n°1 

A l’image de Boris Cyrulnik qui préconisait il y a peu, tout comme le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, l’absence totale d’écrans avant 3 ans, Catherine L’Ecuyer livre elle-aussi une guerre ouverte au numérique. Elle cite notamment plusieurs travaux dont une étude récente reliant l’utilisation fréquente des dispositifs numériques et le TDAH pendant l’adolescence1. 
Et pas question non plus d’ouvrir les vannes après 3 ans. Aux Etats-Unis, les pédiatres recommandent de ne pas exposer les enfants aux écrans plus d’1H par jour jusqu’à leurs 5 ans. Catherine L’Ecuyer le martèle tout au long de son livre : c’est bien à la réalité que l’enfant doit être exposé, car son cerveau a été façonné pour apprendre à son contact et non celui des écrans. D’ailleurs Steve Jobs lui-même limitait l’accès de ses enfants à la technologie.

Les bons ingrédients pour éveiller la curiosité

L’attachement

Tous les spécialistes s’accordent sur ce point : c’est dans la qualité du lien d’attachement que l’enfant aura noué avec ses parents que s’éveillera son intérêt pour le monde. « L’enfant cultive sa curiosité à travers ses interactions avec les personnes qui s’occupent de lui », souligne Catherine L’Ecuyer. Dès son plus jeune âge, le bébé va développer ce que l’on appelle l’attention conjointe. Si par exemple, un inconnu entre dans la pièce, il va tout d’abord vérifier auprès de son parent en regardant dans ses yeux si cette personne représente ou non un danger. Pour notre spécialiste, les câlins et les moments de partage entre les parents et les enfants ne pourront donc jamais être remplacés par un DVD éducatif. Et surtout, les parents doivent eux-aussi cultiver leur propre capacité à s’émerveiller pour transmettre à leurs enfants toute leur gratitude envers la beauté du monde !

Le jeu

« Le développement intellectuel de l’enfant découle en premier lieu de sa curiosité, un mécanisme qui nourrit l’apprentissage. Le jeu est le contexte idéal pour lâcher la bride à leur curiosité », relate un article du Harvard Educational Review. Le jeu n’est jamais une perte de temps pour l’enfant. Il stimule l’imagination et la créativité, il pousse à l’action. A mi-chemin entre l’ennui et l’anxiété, la créativité permet à l’enfant de s’adonner à des activités qui le « challengent », sans pour autant le mettre en échec. C’est pour cela que les enfants préfèrent remonter les toboggans que les descendre : parce qu’ils cherchent des défis qui s’ajustent à leurs capacités. Lire plus sur doctissimo.fr