Il est l’oncle de son propre fils : le chimérisme, une anomalie rare et sans danger

Il est l’oncle de son propre fils : le chimérisme, une anomalie rare et sans danger
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Un homme s’est rendu compte que son groupe sanguin ne correspondait pas à celui de son fils. Techniquement, il ne pouvait pas en être le père. En poussant les analyses, il a réalisé qu’il disposait en lui de deux patrimoines génétiques différents. Comment est-ce possible ? Pour Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien, il s’agit d’un cas de chimérisme. Explications

L’histoire de cet Américain évoque un cas de chimérisme, phénomène qui se définit par l’existence au sein d’un même individu de deux patrimoines génétiques différents. C’est extrêmement rare et difficile d’en connaître la cause.

Qu’est-ce que le chimérisme ?

Le chimérisme a été initialement décrit pour les plantes. L’avénement de la génétique humaine a montré que des cas de chimères étaient possibles chez l’homme et pouvaient survenir en cas de grossesse gémellaire dizygote, c’est-à-dire pour des faux jumeaux. Les vrais jumeaux, dits monozygotes, ont nécessairement le même patrimoine génétique.

Ce phénomène est beaucoup plus fréquent suite à l’utilisation de méthodes de procréation médicalement assistée sans que la raison en soit connue.

Le chimérisme est lié à une anomalie qui survient très précocement, probablement lorsque les embryons d’une grossesse gémellaire dizygote ne sont qu’au stade de quelques cellules. Les jumeaux dizygotes sont issus d’une double fécondation, qui aurait dû entraîner la naissance de deux nouveaux-nés.

De façon rarissime, il arrive que les deux œufs fusionnent et que le développement d’un seul embryon continue normalement tout en gardant deux patrimoines génétiques différents entre les cellules selon qu’elles sont issues de l’un ou l’autre des œufs.

Le fœtus possèdera ainsi certaines parties du corps avec un génotype donné et le reste caractérisé par un autre génotype, proche mais similaire à celui d’un proche parent.

Une autre cause est possible

Il arrive parfois que des anomalies de la division des cellules embryonnaires soient à l’origine de patrimoines génétiques différents au sein d’un même individu. Pour comprendre, il faut revenir au schéma originel du développement prénatal.

Lorsqu’un enfant est conçu, son génome, c’est-à-dire l’ensemble des allèles et des gènes qu’il possédera, est formé à partir d’une cellule de la mère (l’embryon) et d’une autre son père (les spermatozoïdes) issus de la méiose. La fusion de ces deux éléments vont lui permettre d’avoir dans chacune de ses cellules 46 paires de chromosomes.

Au cours du développement du fœtus, les cellules se diviseront par deux, puis par quatre, etc. C’est ce qu’on appelle la mitose. À chacune de ces divisions, il peut y avoir des « erreurs ». Subitement, une cellule peut se retrouver avec non pas 46 chromosomes, mais 45 ou 47. S’il y en a trop, la cellule meurt, mais s’il y en a moins, cela n’est pas automatique. C’est ce qui se produit par exemple chez des individus – souvent féminins – atteint du syndrome de Turner (45, X0) pour certaines cellules et normales pour d’autres (46, XX).

Parfois, l’atteinte peut être plus limitée à une partie d’une chromosome ou encore au niveau d’un gène, et c’est un peu comme si l’un des gènes s’était perdu dans la bataille.

Conséquences du chimérique

Les anomalies de chimérisme sont essentiellement observées au niveau du placenta ou des organes sexuels. Mais en réalité, cela peut atteindre uniquement certains organes du corps humain ou uniquement certaines cellules.

Le chimérisme peut également toucher d’autres cellules, en particulier celles présentes dans la moelle osseuse, les cellules hématopoiétiques dont les globules rouges qui déterminent le groupe sanguin. Lire plus sur leplus.nouvelobs.com