Utérus rétroversé et grossesse : tout ce qu’il faut savoir

Utérus rétroversé et grossesse : tout ce qu’il faut savoir
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Loin d’être un phénomène isolé, ce sont près de 10 à 20 % des femmes qui seraient concernées par la rétroversion utérine. Quelles sont les conséquences de cette particularité anatomique ? A-t-elle des conséquences sur la conception, la grossesse ou l’accouchement ? Le Professeur Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien au CHU de Strasbourg et ancien secrétaire général du Collège national des gynécologues obstétriciens de France (CNGOF), répond à nos interrogations.

Qu’est-ce qu’un utérus rétroversé ou antéversé ?

Dans la majorité des cas, l’utérus est tourné vers l’avant – à savoir vers le ventre – on dit qu’il est antéversé. Dans ce cas de figure, le vagin qui est orienté vers l’arrière proche du rectum, forme un coude avec l’utérus qui part vers l’avant.
Dans certains cas, l’utérus s’oriente vers l’arrière, à savoir vers la colonne vertébrale, formant un angle différent avec le vagin : on parle alors d’utérus rétroversé. Alors, c’est grave docteur ?
« L’utérus rétroversé n’est absolument pas pathologique, c’est une simple variante anatomique ou particularité anatomique très répandue chez la femme », explique le Pr Deruelle. « C’est un peu comme avoir les yeux bleus ou marrons », ajoute-t-il.
Il arrive également que la position de l’utérus soit intermédiaire, ni totalement rétroversé, ni totalement antéversé.

Comment diagnostiquer l’utérus rétroversé ?

Le diagnostic d’utérus rétroversé se pose très facilement à l’examen clinique, lorsque le gynécologue obstétricien pose le spéculum : l’axe du col est vertical et vers le haut. Une échographie pelvienne permet également de confirmer la rétroversion utérine.
Mais dans la mesure où il s’agit d’une particularité anatomique non pathologique, le terme diagnostic est même un abus de langage, et il serait plus juste de parler d’identification.
Si peu d’études existent sur le sujet, il semblerait que la position de l’utérus ne soit pas une caractéristique héréditaire mais uniquement le fruit du hasard. Une femme dont l’utérus est rétroversé n’a donc pas plus de probabilité qu’une autre d’avoir une fille avec cette même particularité !

La rétroversion de l’utérus provoque-t-elle des symptômes ou des douleurs ?

Dans la grande majorité du temps, la rétroversion de l’utérus ne provoque pas de symptômes hors période de grossesse.
Cependant, certaines femmes évoquent des douleurs pelviennes localisées dans le bas ventre ou dans la région lombaire lors des règles, dites dysménorrhées, ou encore lors des rapports sexuels. Ces dernières, appelées dyspareunies, pourraient survenir lorsque le pénis du partenaire vient butter contre le col de l’utérus, qui est collé au vagin quand l’utérus est rétroversé.
Aucun traitement n’existe – hors grossesse – pour rétablir la position utérine.

 
Quelles positions sexuelles privilégier avec un utérus rétroversé ?

En cas de fortes douleurs pelviennes lors des rapports sexuels liées à une rétroversion utérine, le couple peut s’adapter en privilégiant certaines positions plutôt que d’autres. On peut par exemple leur conseiller d’éviter les positions où la pénétration est la plus profonde – telles que la levrette – pour privilégier les autres comme le missionnaire ou la cuillère.
« Il est cependant difficile d’affirmer que les dyspareunies sont provoquées par la rétroversion de l’utérus, puisque de nombreuses femmes y sont sujettes, même avec un utérus en antéversion », précise le Pr Deruelle.

Utérus rétroversé et endométriose

Pour les femmes souffrant d’endométriose, il arrive que la maladie provoque des adhérences susceptibles de faire basculer l’utérus de l’avant vers l’arrière : on parle alors de rétroversion secondaire ou acquise, et non plus primaire comme lorsque la rétroversion est présente depuis la naissance. Les symptômes et douleurs ressenties par ces femmes viennent de l’endométriose et non pas de la rétroversion utérine.

Comment tomber enceinte avec un utérus rétroversé ?

A toutes les femmes qui s’inquiètent de savoir si la rétroversion utérine peut limiter les chances de tomber enceinte : qu’elles se rassurent. « Un utérus rétroversé ne réduit en aucun cas la fertilité de la femme », affirme le Pr Deruelle. L’utérus rétroversé n’empêche pas l’accès des spermatozoïdes à l’ovule et ne bloque pas le déroulement de la grossesse. Il y a donc autant de grossesses chez les femmes dont l’utérus est rétroversé, que chez celles dont il est antéversé, et heureusement ! La rétroversion utérine ne gêne pas non plus les différentes techniques de procréation médicalement assistée (PMA), que ce soit la fécondation in vitro (FIV), la ponction ovarienne ou l’insémination artificielle.
Cette variante anatomique n’empêche donc en aucun cas la conception, et il n’y a pas besoin de mode d’emploi particulier pour y parvenir.

Quelles sont les conséquences d’une rétroversion du col sur la grossesse ?

Si l’utérus rétroversé ne provoque pas de symptômes particuliers hors grossesse, il peut en revanche être à l’origine de quelques sensations désagréables voire douloureuses pendant la gestation. « Les femmes peuvent ressentir les choses plus vers l’arrière, comme un poids », décrit le spécialiste, « puis, quand l’utérus commence à grossir, vers la fin du premier trimestre, l’angle particulier du col (quand l’utérus est très rétroversé) peut dans certains cas venir bloquer la miction ». Si ce phénomène est très rare, il est suffisamment handicapant pour nécessiter une intervention de la part du gynécologue.
Certains médecins évoquent la possibilité qu’un utérus rétroversé pendant la grossesse augmente par la suite les risques de descente d’organes – également appelée prolapsus – après l’accouchement. Il est très difficile de mettre en évidence le lien de cause à effet entre les deux phénomènes et donc délicat d’incriminer la rétroversion utérine en cas de descente d’organes chez la femme. Lire plus sur santemagazine.fr